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BSV Tous unis pour bien avertir

L'obligation d'éditer les Bulletins de santé du végétal (BSV) a modifié le comportement des acteurs de terrain en matière d'avertissements agricoles. La mutualisation est de mise tant pour observer que pour partager les informations. Analyse et coulisses d'un nouveau système exemplaire.

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Les services régionaux de la Protection des végétaux (PV) éditaient jusqu'en 2008 des Avertissements agricoles aux abonnements payants issus du travail d'un réseau d'observateurs. Ces documents fournissaient aux agriculteurs de précieuses informations sur les risques encourus par rapport aux bioagresseurs, mais ils n'étaient pas les seuls. Une multitude d'autres alertes venaient interférer, voire contredire, celles des pouvoirs publics. Face à cette pluralité d'analyses et ces avertissements parfois divergents, l'agriculteur risquait de déclencher des traitements phytosanitaires inutiles, voire nuisibles à ses cultures et à son environnement.

Axe 5 du Plan Ecophyto 2018

C'est donc à la fois pour améliorer la qualité des informations fournies aux agriculteurs et en finir avec les contradictions que la mutualisation a été instaurée dans ce domaine. Il s'agit de fournir une analyse permanente du risque phytosanitaire sur les cultures, unique et organisée. Le Grenelle de l'environnement et son Plan Ecophyto 2018 en ont instauré les règles, car l'objectif est aussi de réduire les utilisations de produits phytosanitaires, en les utilisant à bon escient, conformément à des alertes plus justes. L'axe 5 de ce plan est on ne peut plus clair : « Renforcer les réseaux de surveillance sur les bio agresseurs. » Pour ce faire, la DGAL (Direction générale de l'alimentation du ministère de l'Agriculture) qui assure le Comité national d'orientation a précisé, l'an passé, le schéma organisationnel : dans chaque région, un comité de surveillance biologique pilote des réseaux d'observation. Il est présidé par les chambres régionales d'agriculture et contrôlé par les Draaf (Directions régionales de l'agriculture et de la forêt).

2009 fut donc une année de transition pour mettre en place les réseaux SBT (surveillance biologique du territoire), encore appelés RES (réseaux d'épidémiosurveillance) et réfléchir à l'édition des BSV (Bulletins de santé du végétal), aujourd'hui publiés dans toutes les régions (voir infographie). Deux règles de base guident leur édition : ne contenir aucune préconisation ni indication d'un quelconque moyen de lutte à utiliser, et être disponibles gratuitement pour tous. C'est pourquoi on les trouve sur internet où chacun peut aller les consulter ou les télécharger.

La plupart des acteurs concernés ont mis leurs compétences en commun pour observer et partager les informations issues de ces observations : les chambres d'agriculture et les Sral (Services régionaux de l'alimentation), bien sûr, mais aussi tous les instituts techniques, les Fredon (Fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles), les distributeurs agricoles et toute autre organisation impliquée dans le conseil en culture, comme les syndicats de producteurs, comités interprofessionnels ou industriels (sucreries…).

Pas encore dans les habitudes

Coops et négoces sont donc désormais au coeur d'un nouveau système organisationnel très fédérateur. Mais harmoniser ses méthodes de travail et partager ses informations ne sont pas vraiment dans les habitudes des organisations agricoles françaises aux intérêts jusqu'alors très divergents. La mise en place des réseaux SBT ouvre donc une voie qu'il faudra forcement suivre à l'avenir. En effet, la biovigilance du territoire n'est pas la seule à appeler à la mutualisation pour réduire les utilisations de produits phytosanitaires. Dans les conclusions de l'étude Ecophyto R & D, les chercheurs de l'Inra préconisent fortement à tous ceux qui développent des solutions alternatives aux traitements intensifs de travailler ensemble. Sites expérimentaux, animations de fermes pilotes et projets de recherche devront ainsi être désormais gérés en réseaux et les savoir-faire mis en commun. Les synergies entre structures initiées depuis quelques mois pour éditer les BSV serviront donc sans doute de marche à suivre.

DOSSIER RÉALISÉ PAR LAURENT CAILLAUD

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